Carnets
Uladzimir L'hiver en sa décrue aura lavé la ville Et nous retrouverons de Minsk la beauté Le soir dessus les ponts se pendra volubile Sur le grand portulan nous jetterons nos clés Où irons-nous Amour dans la nuit filandière Vers quels équinoxes nos regards...
Toi qui sais le silence et ses modulations Le chant du rossignol et l’arpège à sa source La contention des voix buissonnant sous la mousse Quand nous passons là-bas le gué de Pontorson La mer va sublimant le plastron des nuages Et la ligne écumeuse auréole...
Sous son châle d’aventurine La terre a pâli ce matin Blanche l’ornière santoline Blanche la paume du chemin Déjà plus rien ne s’achemine Tout s’encorbelle et tout ondoie Le châtelet se parchemine Sous son étole de sainbois L’enfance est là qui se décline...
Nicolas Poussin C’est au jardin des Hespérides O mirabilis O ferveur Que la martingale des heures Se consumait vaille que vivre Nous étions là plus apatrides Que les nuages au front des cieux Faméliques aranéides Tissant dans le vent capiteux D'étranges...
Bernard Boyer Lorsque le soir s’éprend de la mansarde grise Ton regard et l’étoile ont des reflets troublants À la lampe déjà le silence se grise Le ciel s’épanche nu sur l’écume des vents Oh ce n’est qu’un soupir, une faille, une trêve Ce trois fois...
L'Etoile du berger, Jean-Baptiste Camille Corot Il te fallut cent fois périr sous les décombres Et cent fois refleurir sous les derniers soleils D’aucuns te pensant mort ont dérobé ton ombre Tandis que je veillais pâle sur ton sommeil Tantôt tu m’apparus...
C’était un matin glabre À l'orée du silence Et ton cœur sous mes lèvres Avait le goût du sel Que l’on cueille éperdu Quand revient le jusant Exhumant l’arc-en-ciel Dehors sifflait le vent Et valsaient les atomes Les palmes et les passants Sur la route...
Gustave Le Gray, Le soleil couronné Par ma foi Par tes flots Par le calame d’or anoblissant les eaux Par la bouche du vent caressant le sureau Par la musique nue revenue du Mystère Par le feston de feu d’où jaillissent les mots Par les voix de naguère...
Marie Détrée Voici sur le lilas fleurir l’aube timide Et sur l’aubépinier la larme qui demain Offrira au jardin sa couronne candide Et au ciel étoilé une trame d’étain Dans la marge du temps j’ajuste ma mémoire Et toi que je chéris tu m’apparais nouveau...
Dors De ton sommeil d'argile et de faïence Dors Plus près de moi encore Au ras de ton enfance Dors Sur les lèvres d'avril Sur le limon des prés Sur le vermillon fou des vestiges du temps Dors Au grand soleil de ma maison Dors La mer au loin roucoule Et...
Ô mon arborescence Ma sanguine odyssée Tu dis Et je t’encense Toutes lanternes bues La ville et ses vallées Mille en tout, me dis-tu Les sentes minérales Les jardins ouvriers Les boulevards assis Charner et Clémenceau L’allée des Promenades Au kiosque...
Et je n’attendais rien Quand tout me fut offert L’étole du matin La voile sur la mer Sur le lilas fiévreux Une écharpe de brume Le baiser du chemin L’archange dans les cieux Et sur le lit défait Un pointillé de lune Tout me fut redonné À la douceur du...