Carnets
Muette Je me suis conçu des lèvres Imperceptiblement Aveugle Je me suis inventé un regard adjacent Délivrant ainsi les contraires Et les livrant au feu Sorcière n’exhumant que sa fièvre Et le temps miséreux La pensée qui portait S’érige en abstinence...
Crédit photographique Stéphanie Collado Se souvenir alors des soirs sur la lagune Des serments bigarrés qui nous faisaient frémir Nous jetant palpitants dans les eaux du désir Comme deux petits sphinx étourdis par la lune Les palais souverains nous regardaient...
Qu'importe l'immanente lumière Qui frappe la lucarne Et ce goût de fougère Qui roule sur les doigts Qu'importe le matin clos Et le soir qui s'ébat Sur tes lèvres encloses Si l'absence dépose l'idée de ton regard Sylvie Méheut
Te suis-je redevable Ô toi qui distilles Sur le cadastre du soleil Le souffle absinthe des métamorphoses ? Toi dans le ciel couperosé Moi dans l’abside d’un baiser Et sous le lilas primerose Et sur la rose céladon Le célébé de la raison Se brise en mille...
© Eric Rechsteiner Les plages brunes de la Caspienne gardent l’empreinte de tes pas Sous un ciel bleu de méthylène Ton ombre passe Ton ombre va Guerrière d’opaline remorquant ses gisants Je suis venue si tard au creux tes paupières Sous les cymbales ocrées...
Ô ventre moissonneur Églantine de sang La pulpe du matin sur la grève cressonne Et la brume au lointain farouchement siphonne Au seuil des laminaires la coiffe des brisants Les îles s’alanguissent Les corps en font autant L’amour suspend l’esquisse des...
Soy el Albatros que te espera en el final del mundo Sara Vial Quand je ne serai plus que l'aube de moi-même Et que toi mon ardent tu pleureras mes jours Comme pleure la mer en enlaçant la plaine De ses bras ensablés où s'enlise l'amour Quand je ne serai...
La palette du soir embaume le jardin Le préau se prélasse et une lune tendre tend son catogan d’or aux forges de Vulcain Demain s’en reviendra tanguer sur les ardoises Demain s’en reviendra comme s’en vient demain, corroyant l’Orient et remembrant l’armoise...
Je ne sais d’ici que le lent ravitaillement des heures Et le chant incessant écharpant le silence Je ne sais d’ici que l’ongle des sentiers qui écosse la plaine Et la mer au lointain qui lisse ses bas bleus La paresse des îles Le rouet de tes yeux L’indolence...
Pierre-Auguste Cot, La Tempête Le ciel consent toujours mon Amour Il s’échevelle au vent Comme la loge d’espérance À la poupe du Saint-Géran Juste avant l’orage mon Amour Juste avant la somme de tous les naufrages Je sais des cieux immémoriaux Ravinés...
La Ria souriait et scandait nos seize ans Seize ans ! L’éternité glissait entre les trembles Et nous nous ne redoutions ni le Temps ni le Tendre Quand l’aiguillon de mai fanfaronnait au vent Et nous allions ainsi frayant le soir naissant Toi et moi réunis...
Tipasa © Cyril Preiss Où sont les oliviers Et les oranges amères Ces fruits à peine écrits Dans nos ivresses bleues Où sont nos rêves roux Et ces voix éphémères Qu’un blanc soleil salin Exilait en tes yeux Où sont ces heures vives Dérobées au silence...