Ô mon arborescence
Ma sanguine odyssée
Tu dis
Et je t’encense
Toutes lanternes bues
La ville et ses vallées
Mille en tout, me dis-tu
Les sentes minérales
Les jardins ouvriers
Les boulevards assis
Charner et Clémenceau
L’allée des Promenades
Au kiosque tellurique
Saint-Michel et son masque
Robien et sa musique
Et pointant le museau
À main franche du tout
L’Armor et son Toupin
Et le Gouët qui s’enfuit
Il faut des ponts pardi
Et des viaducs aussi
Pour siroter l’ici
Là-bas la passerelle
Enfile ses quais bleus
Il faut des quais-levis
Pour les beaux amoureux
Et des gares amourées
Au ventre magnétique
Il faut tout ça dis-tu
Pour gober la rythmique
Les rues s’élancent
Et nous allons
De repère en tanière
Là-bas c’était naguère
Ici le guéridon
Le lierre et la fougère
Le petit orphéon
L’usinage des mots
C’est buissonnier dis-tu
Et c’est incontrôlable
Étonnement ténu
Les façades joufflues
Les immeubles maussades
Et la mer au lointain
Qui crêpe ses cheveux
Il faut des grèves aussi
Pour les beaux amoureux
Tu dis hier et demain
Et la ville s’élance
Et mon âme en ta main
Je t’encense
Je t’encense
Saint-Brieuc, novembre 2015
Sylvie Méheut
Extrait du recueil Le cercle de l'aurore, Monde en poésie éditions.