Se laisser surprendre
Ne donner qu’en riant les épures de miel
Qui roulent leurs écrous sous les crocs du silence
Prendre dans la mémoire la faconde et l’ivresse
Saisir sur le reflet que nos gestes d’avant n’ont cessé de distendre
La piété qui nous reste
Tu sais la ville et ses désirs inexplorés
Berçant fugacement la montée de septembre
Tu sais ce blanc que la corne des soleils sur la place enlunée
ne parvenait à fendre
Ce blanc qui ne savait attendre
Ce blanc qui était jouissance aux pupilles dérobées
Ce blanc sacré
Secret des berges alumines
Ce blanc maritime
Lorsque tu l’écrivais
Que je mimais tes rimes
Le temps se désossait sous nos cieux panachés
Ce blanc c’était l’amour vois-tu
Le partage incessant
L’abolition des bruits
Le départ de nos cœurs vers des marges d’oubli
Et mon toit en ta main qui se laissait suspendre
La pluie venait toujours
Délestant sous tes cils l’entre-temps et la brise
Les planches du salut
Et les yeux de bleuets des volets de septembre
Ce blanc c’était l’amour vois-tu
Et la ville en riant ajustait ses dentelles
Laissant au creux de reins
un parfum suranné d’amour et de coriandre
De salut et de miel
Sylvie Méheut
Extrait du recueil Le cercle de l'aurore, Monde en poésie éditions.