Que n’ai-je assez vécu sur la berge sauvage
Où la douleur allait sous son corset d’airain
Plus folle que le vent sur la lande des sages
Plus solitaire encor’ que ne l’est le matin
Que n’ai-je assez dansé sur la grève volage
Voltigeant comme azur au milieu des genêts
Quand l’ourlet de la mer enroulait au passage
La voile de mes jours au scaphandre de mai
Que n’ai-je assez chanté sur les pavés d’automne
Quand la ville épousait la brume sous mes pas
Et que passait la joie tranquille et monotone
Distillant sa lumière sur le parvis des rois
Que n’ai-je assez aimé aux tisons de l’absence
Que n’ai-je assez vécu Que n’ai-je assez chanté
Pour qu’enfin le bonheur sur son vaisseau d’aimance
En un sanglot suprême daigne me pardonner
Sylvie Méheut
Extrait du recueil Le cercle de l'aurore, Monde en poésie éditions.